• La 8ème génération: nos aïeux du 18ème siècle - 1. Répartition, identités, professions

     Nous  parlons  aujourd'hui  des  personnes  qui  ont  vécu  entre 1681  (date de la 1ère naissance) 

    et 1813 (date du dernier décès): 

    La génération du 18ème siècle.

     

    C'est la génération la plus ancienne sur laquelle on peut recueillir assez de renseignements tels que date et lieu de naissance, mariage, profession, etc. 

    Sachant que je me suis mise comme souche de l'arbre, mathématiquement la 8ème génération compte 128 personnes. J'ai pu en retrouver 94 dans les registres paroissiaux. Voilà un panel intéressant, permettant me semble-t-il de se livrer à une petite "étude" que j'espère significative.

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     Répartition géographique

    1) La moitié de nos ancêtres est originaire du Perche - région qui va grosso modo d'Alençon à Châteaudun et Nogent-le-Rotrou -  et dans le prolongement, la branche LHOMME est originaire de la Beauce. 

    Sur la carte ci-dessous, j'ai localisé les lieux de naissances de 5/8e d'entre eux, chaque branche ayant comme référent un des 8 arrière-grands parents.

    La 8ème génération: nos aïeux du 18ème siècle - 1. Répartition, identités, professions

     

    (cliquer sur l'image pour agrandir)

       
     Ascendants de Thomas DELISLE           Ascendants de Joséphine ROBET   Ascendants d'Eugène MOULIN
                                         Ascendants de Mélanie CORDIER   Ascendants d'Estelle LHOMME 

     

    avec ce lien vers google map on peut zoomer pour lire les noms des localités: Ancêtres Perche et Ile de France

     

    Cependant, dans la branche LHOMME, quelqu'un venu d'ailleurs... 
     
    Orsonville (Yvelines), 9 novembre 1733: mariage de François FOURNIER et Marie Madeleine LE TOCQ

     

    " Le neuf novembre l'an mil sept cent trente trois après les fiançailles et publications des bans faites aux prônes de la messe paroissiale trois dimanches consécutifs du futur mariage
    entre François Fournier fils de Pierre Fournier maçon [décédé] et de Françoise Boucher ses père et mère originaire de la paroisse de Pauliac diocèse de Limoges** demeurant depuis six ans dans la paroisse d'Allainville* d'une part,
    et Marie Magdeleine Le Tocq fille de Jacques Le Tocq charron et de Suzanne Genet ses père et mère de cette paroisse d'autre part. [...]

                             * commmune d'Eure-et-Loir 

    ** Le diocèse de Limoges incluait à cette époque une partie du département actuel de la Creuse où se situe le petit village de Paulhac (ou Pauliac, Paulhac, Poliac...), village aujourd'hui fusionné avec Saint-Etienne de Fursac, situé à environ 50km au nord de Limoges.

    Un maçon de la Creuse! et même deux.
     
    Déjà 100 ans avant Annet LASCOURBAS (1), Pierre FOURNIER, maçon, et son fils François, apprenti qui deviendra un jour Maître maçon, ont quitté leur Creuse natale et le fils a fait souche dans la région d'Ablis. 
    La Mère est restée "au pays". Mais pas sans nouvelles puisqu'elle donne son consentement au mariage de François.
     
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    2) Les ascendants de Marie SAUCET se partagent entre Bretons (8 personnes) et Limousins (6 personnes trouvées)

    Pour les Bretons pas besoin de carte, ils sont tous nés à Fougères ou sa banlieue: Tremblai et Chauvigné.

    Quant aux Limousins, il me manque beaucoup de renseignements. Des paroisses n'ont pas tenu de registres avant 1738, ce qui ne permet pas de retrouver les actes de baptême. Pour d'autres les renseignements sont lapidaires: nom et prénom des parents, sans leur âge ni origine...

    Voici tout de même les quelques renseignements dont on dispose:

    Marien LASCOURBAS et sa femme Marie CHASSAT sont nés à Sauvagnat dans le Puy de Dôme 

     2 autres ancêtres ont vécu à Saint-Fréjoux en Corrèze : mariage et naissance de leurs enfants

    Les MORNAC originaires de Saint-Exupéry-les-Roches (Corrèze), ont ensuite vécu et sont morts à Ussel où les enfants sont nés

    (2)

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    3) La branche belge (Augustin VAN THEEMSCHE):

    Je n'ai que 2 noms à cette génération: Charles VAN THEEMSCHE et Jeanne MARIN, parents de Jean VAN THEEMSCHE, né en décembre 1725.

    Voici leur acte de mariage à Oosterzele le 27 janvier 1725:

    La 8ème génération: nos aïeux du 18ème siècle - 1. Répartition, identités, professions

    Rédigé en latin (2). Les prénoms sont Carolus et Joanna. Le nom Van Theemsche est bien tarabiscoté, mais il est authentifié par un locuteur flamand sur Geneanet.

     

    Sans leur âge ni leurs parents, on ne peut retrouver l'acte de baptême La recherche belge s'arrête donc ici .

    Je ne les ai pas non plus comptés dans les tableaux qui vont suivre, puisqu'on ne sait rien d'eux, sauf leur lieu de résidence.

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    4) La branche alsacienne (Georges KELLER) manque à l'appel. 

    Mes recherches alsaciennes s'arrêtent à la 6ème génération avec Thomas KELLER, décédé en 1808 à Drusenheim, car les registres précédents ont brûlé en 1870.

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    On peut néanmoins observer dans ces 2 branches, une remarquable stabilité géographique. Les ancêtres vivaient déjà dans les mêmes villages qui verront naître leurs descendants 4 générations plus tard, au milieu du 19e siècle.

    Quant à la situation socio-économique, elle ne devait pas essentiellement différer de nos ancêtres de la Beauce et du Perche.

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    Prénoms


    Le prénom Marie caracole en tête: rencontré 13 fois/47 chez les femmes + 5 fois en prénom composé:Marie-Françoise: 3; Marie-Caherine:1; Marie-Jeanne: 1

    Chez les hommes Pierre (10fois/47) et Jean (9 fois) se partagent la vedette


    Autres prénoms rencontrés (nombre de fois )

    HommesJacques (4) - René (4) François (3) - Louis (3)
                    André (2) - Joseph (2)
                    vus une fois: Denis, Etienne, Fiacre, Gabriel, Gilles, Julien, Léonard, Marien, Marin, Nicolas.

    Femmes : Jeanne (7) - Anne (6)
                    Françoise (3) - Marguerite (3)
                    Catherine (2) - Magdeleine (2)
                    Vus une fois:
                    Barbe, Fiacrette, Gillette, Jacquine, Renée, Thérèse.

       On aura remarqué quelques prénoms au charme désuet: Barbe - Fiacre - Fiacrette - Gillette (féminin de Gilles) - Jacquine. Les autres prénoms sont restés classiques jusqu'au moins la fin du 20e siècle. Pour aujourd'hui je ne sais pas.
       L'usage voulait que les aînés de chaque sexe portent le même prénom que leurs parents. Je n'ai vu aucune famille qui ait fait exception. Cet usage perdurera jusqu'à la fin du 19e siècle. Puis souvent le prénom des parents sera donné en second prénom.
       Les autres enfants portaient souvent le même prénom que leur parrain ou marraine, mais pas obligatoirement.


    Un autre usage qui nous paraît déconcertant aujourd'hui: Lorsqu'un enfant mourait en bas-âge, son prénom pouvait être donné à nouveau au prochain petit(e) frère ou sœur. Un couple détient un petit record dans ce domaine:

    Isaac CHARTRAIN, journalier, homme de peine et Marie FEZARD (Yèvres, Eure-et-Loir) ont donné 4 fois le prénom Marie à leur descendance.

    La 1ère Marie : a vécu du 20 janvier au 3 octobre 1699

    La 2e Marie: du 9 décembre 1700 au 15 février 1702 

    La 3e Marie: du 23 juillet 1707 au 6 mai 1710

    La 4e Marie, qui est notre aïeule, naît vers 1715, sans que j'aie pu trouver l'acte de baptême. Elle épousera Jean HAGUET à la Bazoche-Gouët (28) le 27 août 1736.
       

    En même temps cette triste histoire pointe du doigt l'importance de la mortalité infantile.

    J'ai vu aussi une famille où 2 enfants ont reçu le même prénom, bien que l'aînée fût encore bien vivante: Marien LASCOURBAS et Marie CHASSAT dans le Puy-de-Dôme, ont donné le prénom Marie à une fille née en 1765, qui a vécu jusqu'en 1808. Ils ont donné ce même prénom Marie à leur fille cadette née en 1780, mais qui n'a vécu qu' 1 mois et 10 jours. La première était née à Sauvagnat, la deuxième à Pontaumur seulement distante de 15 km. Peut-être l'aînée était-elle restée à Sauvagnat ou en tous cas n'habitait plus le domicile parental, déjà "placée" au travail dans une autre exploitation.

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    Patronymes

       L'orthographe des noms n'est pas encore établi avec la rigueur qu'on connaît aujourd'hui. On peut trouver des variations, parfois importantes, d'un scribe à l'autre. Voici par exemple les différentes orthographes que l'on peut recenser, concernant Jean AHIER et ses descendants:
    1702: naissance de Jean AHIER à Brou

    1742: naissance de son fils Jean HAYÉ

    1746: naissance de son fils Marin HAGUET

    1746, à son décès, le premier est lui-même orthographié HAIER.

    A la génération suivante on trouvera: AGUET et HAGUIER;

    A la 3ème génération on voit apparaître: "HAGUET dit LEGUAY"Puis "HAGUET" disparaît.

    A la fin du 19e siècle, les descendants de Jean AHIER s'appelleront finalement LEGUAY.


    Par contre d'autres patronymes, comme MOULIN, sont restés tout à fait stables pendant la période observée.

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    Professions

    Les professions n'étaient pas obligatoirement citées dans les actes des registres paroissiaux. Mais l'usage semble se généraliser petit à petit. A l'occasion des mariages, naissance des enfants et même en dernier recours sur l'acte de décès, j'ai pu collecter 43 professions pour les hommes et 10 pour les femmes.


    1) Les citadins

    Commençons par les citadins qui sont peu nombreux.


    Fougères comptait, lors du 1er recensement en 1793, 7000 habitants (j'arrondis). En comparaison Le Mans en comptait déjà 18 000. Ce n'est donc pas une grande ville, mais l'artisanat y est bien développé et en particulier la saboterie qui exploite la forêt proche [plus tard on s'orientera vers la chaussonnerie puis vers la chaussure]

    Les professions que j'ai pu relever sont:

    1 papetier: Joseph LENDORMI (ca 1728-1813)

    1 boucher: Pierre BAILLIF (1728-1800), déjà fils de boucher et petit-fils de boucher.  Sa petite-fille Julienne BAILLIF, est encore bouchère à Fougères jusqu'à son décès en 1867.


    Brou est une  petite bourgade rendue prospère par l'industrie textile, dont l'étamine. En outre son marché est connu depuis le 13e siècle!

    Nous avons donc à Brou 

    1 étaminier: André DELISLE (3)

    1 boulanger: François CHOISEAU

    1 maîtresse d'école: Marie-Françoise LE GAIGNEUR: Fille d'un épicier* et épouse du boulanger (François CHOISEAU), après avoir mis au monde 12 enfants, et veuve à 47 ans, elle sera alors maîtresse d'école. Elle s'éteint à 73 ans.


    * Au 18e s. l'épicier s'apparente plus à un droguiste qu'à l'épicier moderne. Un compagnonnage de 3 ans était exigé, suivi d'un diplôme et d'une prestation de serment.

       Tous nos autres ancêtres appartiennent au monde rural.


    D'abord quelques définitions:
    Dans ce monde rural, je distinguerai "les paysans": ceux qui cultivent la terre  et "les autres": artisans commerçants, etc.


    2) Les paysans:


    La propriété foncière

    Rappelons-nous  que nous sommes sous l'Ancien Régime: la terre appartient à la Noblesse et au Clergé. Mais la définition de la propriété est un peu différente de ce qu'on connaît aujourd'hui. On distingue alors la propriété "éminente": celle du seigneur, et la propriété "utile": celle du tenancier, qui moyennant une redevance, le "cens" a la jouissance d'une terre. (4)


    Deux types de location des terres: 

    Le FERMIER paie un loyer "ferme", c'est à dire une somme fixe définie dans le bail à ferme.
    Le METAYER paie son loyer en pourcentage de sa récolte ou en production.

    Hiérarchie sociale

    On distingue:


    LES PAYSANS QUI POSSEDENT LEUR OUTIL DE TRAVAIL


    LABOUREUR: Synonyme de "cultivateur", le terme est utilisé dans l'ouest de la France, sous l'Ancien Régime, et désigne un paysan qui possède un ou plusieurs trains de labour: charrue et animaux de trait pour mettre en valeur une exploitation importante (20 à 60 hectares, jusqu'à 100 hectares en Beauce), dont il est propriétaire ou locataire. Certains sont très riches, d'autres moins, mais ils représentent néanmoins l'élite de la paysannerie

    BORDAGER:Terme aussi régional, ailleurs on peut trouver "Bordier". Les bordagers étaient, avant 1789, des cultivateurs sur de petites exploitations de 5 à 10 ha qui fournissaient à peu près de quoi vivre (ces exploitations étaient nommées des borderies ou bordages).Le bordager accédait parfois au rang de laboureur lorsqu’il avait son propre attelage et matériel, ou à celui de marchand lorsque ses récoltes étaient supérieures à ses seuls besoins.

    CLOSIER: Exploitant d'une closerie, petite exploitation rurale de peu d'étendue. Gardien d'un clos, d'un jardin. Également appelé JARDINIER

     

    LES PAYSANS QUI LOUENT LEUR FORCE DE TRAVAIL

    DOMESTIQUES:
    Ouvriers agricoles, employés permanents d'une exploitation. Ils peuvent être aussi cocher, palefrenier, cuisinière... Ce n’était généralement pas très bien payé mais au moins avait-on le gîte et le couvert assurés. Leur statut est plus enviable que celui-des journaliers.


    JOURNALIERS: Ils louent leur force de travail à la journée. Situation précaire, ce sont les plus pauvres du monde paysan et bien sûr les plus nombreux.


    MENDIANTS ET INDIGENTS

    Pour mémoire. C'était surtout un phénomène urbain.
    Les statuts décrits ci-dessus n'étaient pas absolument figés, et beaucoup de nos ancêtres ont pu passer de l'un à l'autre au cours de leur existence.


    Revenons à notre famille:

    A - ceux qui cultivent la terre

    Les Laboureurs:
      On compte 9 laboureurs dans la région Perche, 
    - Dans la mesure où la profession des parents est connue, 5 d'entre eux sont fils de laboureurs et 4 ont épousé une fille de laboureur. - 2 d'entre eux sont des bordagers devenus laboureurs - et on compte même un modeste closier qui est devenu laboureur (René PILLARD à Thoigné dans la Sarthe). A noter: 3 fils de laboureurs, au moment de leur mariage, sont domestiques chez un autre laboureur de la région, avant de devenir plus tard laboureurs à leur tour. Ce qui ressemble bien à une période d'apprentissage...C'est la branche MOULIN qui est la plus représentée dans ce groupe:

    Les Laboureurs

    LES LABOUREURS

    Dans ce tableau:

    - le n° SOSA est le numéro de la personne dans l'arbre généalogique- Dans cette numérotation, la femme suit le mari (Marie CHARTRAIN est l'épouse de Jean HAGUET)- Le lieu est celui de la naissance, généralement celui de toute la vie, les migrations éventuelles se limitant à quelques kilomètres.      Sauf les femmes qui à leur mariage rejoignent généralement le lieu de résidence du mari.- si plusieurs professions sont mentionnées, c'est dans l'ordre chronologique.
    Les professions des femmes feront l'objet d'un paragraphe spécifique.
    On constate déjà ici que 3 sur 9 personnes ont pu améliorer leur situation sociale.

    N.b.: on peut cliquer sur tous les tableaux pour les agrandir


    Les Bordagers:


    5 bordagers avérés. (je ne recompte pas ceux qui sont devenus laboureurs). 2 d'entre eux sont fils de bordagers et ont épousé une fille de bordager. On trouve aussi chez eux 2 jeunes gens qui font leur apprentissage comme domestiques., 

    Nous sommes toujours dans le Perche.

    A noter: Anne REGNARD, veuve très tôt de Jean CORDIER se remarie avec un laboureur, Jacques BOUVIER. Elle sera enterrée dans l'église, privilège habituellement réservé aux nobles et au clergé. Ceci montre la proximité de certains laboureurs avec les classes dominantes. (Saint-Fulgent des Ormes - Orne - 30 septembre 1765)


    Autres cultivateurs:

    18e siècle: les cultivateurs (famille DELISLE MOULIN)

    Nous ne sommes plus dans le Perche (53= Mayenne; 63= Puy de Dôme): le terme cultivateur est utilisé. Je classerais volontiers les 2 cultivateurs dans le même groupe social que les laboureurs, puisque d'après les dictionnaires ces 2 termes sont équivalents.

    Le fermier et la fermière doivent travailler à deux sur l'exploitation. Je les mettrais volontiers au rang des bordagers. Quant au métayer, dans la mesure où sa femme doit aussi travailler comme journalière, on suppose que l'exploitation est modeste. 
    Si on fait le bilan, parmi ces paysans qui cultivent la terre, nous pouvons compter:11 paysans aisés (laboureurs + cultivateurs) 6 paysans qui s'en sortent bien (bordagers et fermiers). 1 seul petit paysan. Sauf erreur ou omission.

    B - Les paysans qui louent leur force de travail

    Les Domestiques:
    Pas de domestique à vie chez les hommes de la famille. Mais plusieurs, déjà signalés, sont passés par ce stade avant de se faire une meilleure situation.


    Les Journaliers: Au nombre de 9. "Journalier" n'est pas une profession, mais un statut. Dans le tableau ci-dessous, tous sont journaliers, mais bien sûr, ils pratiquent différents métiers que j'ai mentionnés dans la colonne "Profession". Certains journaliers n'ont pas de métier particulier et louent leurs services en fonction des besoins du moment. Ils sont payés à la journée, ou quelquefois à la tâche. Certains, comme les garçons meuniers ou les fouleurs de bas, peuvent être embauchés pour une longue durée. Voire même à vie, à condition de ne pas tomber malade. Quelques journaliers possèdent tout de même un petit lopin de terre, mais qui ne suffit pas à faire vivre la famille.

    Les Journaliers (famille DELISLE MOULIN 18e siècle

    La branche LHOMME est la plus représentée dans ce groupe.

    Un cas inclassable: Pierre POTVIN, né à Orphin, près d'Ablis (Yvelines) en 1734, d'un père journalier, homme de peine. A son 1er mariage en 1755, il est lui même journalier. En 1766, naissance d'une fille (Marie Geneviève), il est Laboureur. A son 2nd mariage en 1768, il est encore "homme de peine". En 1794, mariage de son fils Henri, il est à nouveau Laboureur. A son décès en 1796: Cultivateur. 
    Un exemple de régression sociale: Louis GAGER, fils de laboureur reste toute sa vie journalier. Sur l'acte d'inhumation de sa mère, on voit que tous ses frères sont laboureurs, et il est le seul de la famille à ne pas savoir écrire ni signer!  

    Petit tour d'horizon des professions 

      Ceux qui n'ont pas de métier particulier se font embaucher comme "Homme de peine". L'expression parle d'elle même: Ils font les travaux rudes et pénibles : faucher, moissonner, battre le grain, couper le bois, labourer, défricher, briser le chanvre, presser les pommes... Ceux qui ont un métier peuvent aussi se faire embaucher comme Homme de peine dans les périodes où ils sont inemployés.
    Ainsi nous avons un Homme de peine, marchand à ses heures. Ou peut-être l'inverse. (André Duchesne)
    Batteur en grange: Personne qui allait de ferme en ferme l’hiver pour battre à l’aide d'un fléau les céréales séchées récoltées dans l’année afin de séparer le grain de l’ivraie. L’opération se faisait sur une surface plane dégagée dans la grange. (Wiktionnaire)

    Garçon meunier: Valet de meunier qui va chez les particuliers recueillir le blé à moudre pour le porter au moulin et en rapporter la farine. Il parcourait jadis les villages à cheval ou à baudet. Il conduisait aussi parfois une voiture spéciale : la charette à manée. (Site Métiers d'autrefois)

    Roitier: Personne isolant les fibres textiles des tiges du lin ou du chanvre en les immergeant dans l'eau. (synonyme: "Rouisseur"). (site: Vieux métiers)
    Peigneur de laine: Le peignage représentait l'une des étapes indispensables de la préparation de la laine. Une fois la matière lavée et mise en cordons, l'ouvrier peigneur ouvrait ces derniers et les passait entre les dents d'un peigne chauffé sur les braises (pour augmenter la flexibilité du poil) puis graissé dans du beurre - afin de faciliter le démêlage. La quantité de beurre utilisée était impressionnante : pas moins de 6000 livres étaient nécessaires pour fabriquer 20 Kilos de laine. (blog: Le blog de Annie entre Bretagne et Roussillon)

    Fouleur de bas: Fouleur de bas ou foulon était le nom donné chez les bonnetiers aux ouvriers qui foulaient les bas, les bonnets, etc. Le foulage est une opération qui consiste à feutrer, c'est à dire à enchevêtrer les fibres d'un tissus, et donner à celui-ci plus de corps et plus de moelleux. On les faisait passer entre des cylindres tournants et entre des sabots à compression. Ainsi, l'étoffe régulièrement comprimée et tirée dans les 2 sens augmente d'épaisseur et de solidité. (Forum geneanet)
    Garde-vente, dit aussi facteur:  Celui qu’un marchand de bois prépose à la garde et à l’exploitation des bois dont il s’est rendu adjudicataire (wiktionnaire)

    Commis en bois: Gestion administrative des stocks de bois. 

    La 8ème génération: nos aïeux du 18ème siècle - 1. Répartition, identités, professions

    Vigneron: Depuis environ le 16e siècle, les vignes étaient présentes sur les pentes de l'Eure et du Loir, aux portes des villes comme à Anet, Dreux, Chartres, Châteaudun ou Bonneval. Quelques petites pièces, de moins d'un arpent (50 ares), existaient aussi en plaine, près des exploitations agricoles. La surface des vignes en Eure & Loir était de 5674 hectares en 1812. Le cépage le plus courant pour la région était le « petit meunier », raisin noir à grains serrés provenant de Bourgogne. La concurrence des vins du Sud de la France et le phylloxéra de la fin du XIXe siècle firent disparaître la vigne. (Bulletin municipal d'Ecrosnes 2013 page 19)

    3) Les autres ruraux

    La 8ème génération: nos aïeux du 18ème siècle - 1. Répartition, identités, professions

    11 personnes au total. Tous artisans, sauf le sacristain.Tourneur sur bois, charron, maréchal ferrant, etc. Je crois que ces professions ne nécessitent pas d'explications particulières. Les techniques ont changé mais elles se pratiquent encore aujourd'hui, sauf peut-être "tisserand" D'autres sont devenues confidentielles: Charron ou maréchal-ferrant.
    Toutes les branches familiales sont représentées dans ce groupe, de manière presque équitable. 


    Quelles professions pour les femmes?

    nos aïeux du 18ème siècle, Femmes, professions

     

    Comme on peut le voir, la profession de domestique arrive en tête. Dans tous les cas, cette profession est mentionnée sur l'acte de mariage. On comprend que la jeune fille devait travailler pour aider sa famille, en attendant de se marier, et ce, dans tous les milieux: le père pouvait être laboureur ou journalier. Quand aucune profession n'est signalée sur l'acte de mariage il est probable que la jeune fille travaillait simplement sur l'exploitation de ses parents. 

    Par la suite, je veux dire lors de la naissance des enfants, on ne mentionne plus de profession pour la mère seulement pour le père. Pendant toute la durée de vie du couple, les femmes prêtaient la main à l'exploitation du mari, tout en mettant au monde de nombreux enfants.

    Il est tout de même intéressant que 3 autres femmes soient considérées comme "fermière". C'est déjà une reconnaissance de leur contribution à la prospérité familiale et leur confère une personnalité propre.


    Après la mort de leur époux, 3 d'entre elles se sont trouvées obligées de travailler pour survivre:  une maîtresse d'école, déjà mentionnée*, une fileuse et une journalière. Pour la journalière, ancienne fermière, c'est plutôt une dégradation de son niveau de vie. Les deux autres s'en sortent mieux.

    Une "profession" me laisse perplexe: Consommatrice. Malgré bien des recherches, je n'ai pas trouvé le sens exact de ce mot au 18e siècle. Il semble qu'il ait été utilisé uniquement dans cette région : le Perche et L'Ouest de la France, et pendant une période donnée: la fin du 18e siècle, pour désigner simplement une personne qui vit de ses rentes. (Il y a aussi des "consommateurs") 


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    Petite conclusion pour la fin de ce 1er article: Pas de princes ni même de baronnets dans nos ascendants! Nos ancêtres appartiennent bien au Tiers-État, dont on entrevoit ici toute la diversité et dont l'heureux mélange nous a fait ce que nous sommes aujourd'hui: des Français moyens. n'y voir aucune connotation péjorative.

    La 8ème génération: nos aïeux du 18ème siècle - 1. Répartition, identités, professions

    A suivre: 
    La 8e génération - 2 - les âges de la vie: de la naissance au mariage
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    Notes
     
     
    (1) Voir article: Les Pérégrinations de Marguerite LASCOURBAS (à suivre)

    (2) Après les conquêtes napoléoniennes, l'usage du français fut imposé pour les documents administratifs à partir de 1795. On a donc l'état-civil en français dans cette période jusqu'à l'indépendance de la Belgique en 1830.

    (3) Voir article: Les Delisle à Brou (à suivre)


    (4)" En théorie, sous l’Ancien Régime, il n’existe pas un droit de la propriété mais une superposition de droits de propriété sur la terre. Le seigneur détient la propriété dite « éminente » et le tenancier la propriété dite « utile », c’est-à-dire que le paysan, ou toute autre personne (ou institution) qui a pris à cens une parcelle ou un domaine, est en quelque sorte un locataire. Un locataire protégé, perpétuel certes, mais un locataire quand même, assujetti au paiement de redevances, voire à l’accomplissement de corvées, c’est-à-dire à des obligations dont le respect seul lui garantit l’usage et la conservation de sa terre.

    Pourtant au cours du XVIIIe siècle, le changement se produit : la propriété utile l’emporte de plus en plus sur la propriété éminente, ne serait-ce que parce que, le plus souvent, la redevance est devenue quasiment symbolique tandis que les corvées ne sont plus qu’une survivance

    De ce fait, le tenancier, encore une fois paysan ou non, est de plus en plus fréquemment désigné par les juristes comme le véritable propriétaire du fonds. D’ailleurs, il devient quasiment « inexpulsable ». À la différence des ouvrages qui mettaient l’accent sur la fragilité des tenanciers face à leurs seigneurs, les études récentes ont montré que le paysan disposait d’une large palette de moyens pour contrer les initiatives seigneuriales, tandis que les seigneurs n’étaient pas tous également attentifs à la gestion de leur mouvance, ni même désireux d’expulser leurs censitaires et de mettre la main sur leurs parcelles.

    "(Article: Les rapports de propriété en France sous l’Ancien Régime et dans la Révolution.Auteur : Gérard Béaur pages 187 à 200"PU de Rennes, 2005"

     

     

     

     

     


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